Atelier 2
Les dispositifs d'aide
à la création d'entreprise
La démarche Citéslab est un des outils utilisés à Vitrolles pour dynamiser la création d'entreprises dans les quartiers de la politique de la Ville.
Il existe, aujourd'hui, en France, de nombreux dispositifs permettant d'accompagner les porteurs de projet dans leur création. Cependant, ces structures ne sont pas présentes sur l'ensemble des territoires, et notamment sur les territoires prioritaires. Cet atelier, qui avait pour ambition de revenir sur des initiatives d'opérateurs de terrain, était centré sur la présentation d'une expérience menée par la ville de Vitrolles en partenariat avec COSENS.
VITROLLES ET LA POLITIQUE DE LA VILLE
Le contexte de la ville de Vitrolles a toute son importance dans le projet de développement social-urbain et économique. « Nos quartiers n'étaient pas en ZUS » explique Magali LIN GOIS-DIOT, directrice du service "Habitat et Cohésion Sociale". Dès lors, dans un premier temps, c'est à un travail basé sur la reconsidération de la Ville auprès des institutions locales que s'est attelée l'équipe du service "développement local". C'est un diagnostic partagé, réalisé dans le cadre d'une Convention territoriale d’objectifs (CTO), qui a permis de retisser les liens avec les partenaires ; notamment sur le volet économique où le constat s'était révélé compliqué. Hormis les difficultés inhérentes aux six quartiers difficiles, l'étude avait mis à jour une désorganisation de la structure municipale en matière de politique de cohésion sociale - volet "développement économique" compris.
Aussi, en 2006, la mise en oeuvre du CUCS fut l'occasion de réorganiser ce champ d'intervention. L'arrivée de la politique de la Ville a notamment
permis de compenser ces problèmes organisationnels et d'expérimenter des projets mutualisés sur le territoire - ou du moins des projets non concurrents. « On a surtout concentré notre intervention sur quelques projets structurants ; sur des maillons manquants ».
IMPLANTATION DE COSENS À VITROLLES
L'Association pour le Droit à l'Initiative des Jeunes Entrepreneurs (ADIJE) - aujourd'hui devenue Cosens - est née en 1998 dans les quartiers Nord de Marseille, « sous une forme expérimentale déjà portée par la politique de la Ville » rapporte Frédéric OLIVE, son directeur. En 2005, alors que cette structure a rejoint le droit commun dans la cité phocéenne, elle décide de créer "une annexe" à Vitrolles. D'abord implantée en pied d'immeuble, au sein du quartier des Pins, dans un local de 60 m2, l'association va peu à peu grandir. Elle va s'occuper du CitésLab de Vitrolles-Marignane et progressivement ouvrir ses portes à d'autres structures de l'Insertion par l’Activité Economique (IAE) afin de proposer une offre de service globale. Aujourd'hui son statut a clairement évolué. À commencer par le nouveau projet de couveuse Boréal (espace de bureaux partagés) et ses nouveaux locaux qui font désormais « 200 m2 et transpirent l'entrepreneuriat ». Elle s'est également alliée à une autre couveuse davantage tournée vers l'ESS (InterMade) et a également accueilli cinq structures du réseau d'accompagnement à l'activité. « Il s'agit aujourd'hui d'un projet collectif qui réunit plusieurs structures hybrides oeuvrant ensemble pour proposer une palette de services sur la création d'activités la plus large possible ».
CO-CONSTRUCTION D’UNE POLITIQUE
DE DÉVELOPPEMENT ÉCONOMIQUE
L'arrivée de l'ADIJE en tant qu'acteur central de la politique de développement économique urbain vitrollaise est donc née d'un projet partagé ; « une vision qui a été co-construite chemin faisant, par un parcours itératif entre les différents acteurs » préfère dire Frédéric OLIVE. Signe d'une difficulté à admettre la légitimité des acteurs de la politique de la Ville dans le champ du développement économique ? Pas vraiment. Les relations sont même globalement positives. Reste qu'il semble que l'on ne puisse pas dire qu'elles soient ancrées dans les cultures professionnelles des uns et des autres. « Le parcours du combattant est quotidien. Dès que le CUCS ne finance pas (ou plus) un projet, notre présence dans les comités de pilotage n'est plus indispensable pour certains acteurs » confie de son côté Magali LINGOIS-DIOT, la directrice du service "Habitat et Cohésion sociale". D'autant plus que les « réorganisations politiques et/ ou techniques, fréquentes dans les politiques publiques en général, conduisent à une redistribution des cartes et à des négociations qui peuvent brouiller certaines relations ».
Côté ADIJE, cette instabilité génère d'autres difficultés : « c'est le "stop and go" qui est difficile à gérer. Une année, nous sommes financés et la suivante plus rien ! » Plus rocambolesque : le cas d'une structure d'aide à la création d'entreprise qui opère, à la demande du CUCS, un retour au droit commun et qui se voit concurrencée l'année suivante par une
nouvelle couveuse... financée par le CUCS ! Autre difficulté, cette fois pointée par les acteurs de la politique de la Ville comme par ceux du développement économique : le foisonnement des appels à projets.
« Chaque acteur veut marquer son pré carré en créant son dispositif, désorganisant parfois les processus de partenariat enclenchés » regrette
Magali LINGOIS-DIOT.
NACRE : UN DISPOSITIF D'AIDE À LA CRÉATION
La démarche NACRE aspire justement à débroussailler ce maquis. Sans forcément envisager la remise à plat de la totalité de l'offre de service qui peut effectivement être très importante et très spécifique en fonction des territoires, NACRE entend faciliter le parcours des porteurs de projets.
L'enjeu du dispositif est de s'appuyer sur des opérateurs qui possèdent des compétences certifiées par un principe de labellisation. « L'idée étant que les porteurs de projets, a fortiori en difficulté, puissent, quelle que soit la phase d'entrée (montage, financement ou accompagnement post-création), trouver des interlocuteurs capables de les orienter ou de les réorienter vers un opérateur conventionné » confie Samira KAMBOUA, chargée du dispositif NACRE à la DIRECCTE PACA.
ATELIER REGIONAL
CRPV-PACA
#19
Compte-rendu
conférence du
14 nov. 2013
Bonus
> Zoom sur...
Le dispositif NACRE
Mis en place en mars 2009 par le ministère de l'Économie, de l'Industrie et de l'Emploi, en partenariat avec la Caisse des Dépôts et Consignations, le dispositif "Nouvel accompagnement pour la création et la reprise d’entreprise" (NACRE), est destiné essentiellement aux personnes sans emploi
ou rencontrant des difficultés d'insertion durable dans l'emploi.
Le dispositif NACRE permet un suivi personnalisé grâce à l’appui d’un opérateur d’accompagnement qui intervient dès le montage du projet et jusqu’à 3 ans après la
création ou reprise de l’entreprise. Le choix
de l'opérateur se fait avant le démarrage du projet.
Cet accompagnement se déroule en trois phases-clefs :
> une aide à la finalisation du projet de création ou de reprise d’entreprise ;
> un appui systématique pour établir des relations de qualité avec une banque (prêt, services bancaires…) ;
> un accompagnement "post-création" d’une durée de trois ans après la création ou la
reprise de l’entreprise visant à appuyer le nouveau dirigeant dans ses choix de gestion et à stimuler le développement de
son entreprise, notamment en facilitant l’embauche de salariés.
Il est possible de faire appel à une expertise spécialisée sur un point technique ou réglementaire du projet. L'achat de l’expertise est effectué par l'opérateur d'accompagnement,
avec un financement de l'État pouvant atteindre 100%.
Le dispositif est compatible avec le statut d'auto-entrepreneur, et avec d'autres aides à la création, dont l'ACCRE, l'aide aux chômeurs créateurs ou repreneurs d'entreprise.
> Réactions de la salle
« Je suis content de ne pas avoir à créer mon entreprise et à chercher des subventions parce que je crois que c'est désespérant ! A quand un guichet unique ? Moi, je rêve d'un système où il n'y ait qu'un seul interlocuteur capable de me dire où trouver les aides.
C'est cette simplicité qui favoriserait la création d'entreprises sur le
territoire. »
Un participant
« Je ne crois pas à la notion de "guichet unique". C'est illusoire. Je préfère penser les choses en termes de réseau. C'est à dire qu'un
entrepreneur qui s'adresse à un partenaire du réseau va pouvoir être renvoyé vers le bon interlocuteur. Quel que soit l'interlocuteur, il est une porte d'entrée. D'ailleurs l'hétérogénéité des entreprises appelle une hétérogénéité des réponses. On peut essayer de réduire la complexité, mais on ne pourra pas la réduire en un guichet unique. »
Un participant