CONF.3 / 10 octobre 2013
L'IMPACT DES TRANSFORMATIONS SOCIALES SUR LE LOGEMENT ET L'HABITAT
par Marie-Christine JAILLET / Directrice de recherche à l'Université Toulouse Jean Jaurès
LE THÈME DE LA CONFÉRENCE EN BREF
Cette troisième conférence s’inscrit dans une vision prospective des changements en cours et à venir.
Marie-Christine Jaillet structure son intervention en pointant les principales transformations sociétales.
L’affirmation du passage d’une société de masse à une société d’individus, avec l’idée sous-jacente de l’hyper-individualisation : les individus sont soumis à l’injonction de construire des projets individuels où le logement tient une place importante. Fort de ce constat, penser le rapport au logement nécessite alors une approche individualisée.
L’affirmation de la dimension incontournable des questions de mobilité dans nos modes de vie contemporains. Les territoires vécus se sont considérablement étendus durant ces cinquante dernières années. De ce fait, tout en restant un lieu d’ancrage, le logement est plus fortement dépendant de ces questions de mobilité et de déplacement.
Les transformations d’un certain nombre de systèmes relationnels de nos sociabilités. Elles sont de moins en moins hiérarchisées et de plus en plus horizontales, parfois peut-être exonérées de la présence physique, notamment du fait de l’usage de technologies de l’information et de la communication. Dans ce contexte, comment perdurent les formes de sociabilité ancienne, en particulier les relations de voisinage ?
La situation des comportements individuels dans des contextes d’incertitude voire d’insécurisation. Nos sociétés sont de plus en plus incertaines et de moins en moins prévisibles. Les trajectoires des individus sont moins homogènes et moins prévisibles. Comment se projettent-ils sur des temps plus ou moins longs au travers de leur logement ? Dans ce contexte, comment penser les trajectoires et les projets résidentiels ?
Ces analyses sociétales ont permis de dessiner un arrière fond présentant des évolutions pesant sur la question du logement. Ces évolutions ont entrainé une complexification des parcours de vie des individus, du fait des changements de l’organisation familiale, de la divortialité, etc. Les parcours résidentiels sont eux aussi plus complexes. Cela oblige à une lecture différente des mobilités résidentielles et de l’adaptation des logements. Comment ces nouvelles configurations sociales peuvent être intégrées à nos réflexions sur le logement ?
Une autre transformation sociale concerne l’allongement de la durée de la vie. Elle pose des questions de dépendance et un rapport différent au logement. Il doit être pensé dans un temps beaucoup plus long, davantage séquencé : du passage de l’adolescence à l’âge adulte, de la vie en couple avec des enfants, puis sans, des premières années après la retraite, du troisième voire du quatrième âge.
Ces évolutions touchent également les conditions de travail : temps de travail globalement en diminution avec cependant des contraintes en augmentation. Le logement peut alors représenter une réassurance pour les ménages, un support fortement réinvesti quand, sur le plan de l’emploi les individus sont insécurisés. Tendance à laquelle s’ajoute le fait que le temps au travail est diminué et qu’il amène donc les individus plus souvent et plus longtemps dans leur logement.
Enfin, les inégalités et la pauvreté s’accroissent. En matière de logement, il existe donc des situations à prendre en compte, à comprendre, à dénoncer, et des modalités d’intervention à renouveler pour tenter de les faire résoudre.
Tous ces constats ne permettent plus de penser le logement à partir de trajectoires résidentielles linéaires. Il faut intégrer ces transformations, et penser le logement davantage à partir des individus. Cela interroge notamment les statuts d’occupation des logements : la propriété et la location, que ces évolutions sociétales devraient faire évoluer. Devenir propriétaire a-t-il encore un sens aujourd’hui et dans l’avenir ? Que cela veut-il dire dans un parcours résidentiel que d’être locataire dans le parc HLM ? Avec aujourd’hui, le risque de ne pouvoir quitter ce parc. Comment penser des parcours résidentiels ascendants à partir mais aussi au sein du parc social ?
Pour conclure, il est important de bien mesurer à quel point le logement est un vecteur de sécurisation pour les ménages. L’idée de réassurance sociale par le logement est une question clé pour comprendre ce qu’habiter signifie aujourd’hui.
Enfin, en guise d’invitation à poursuivre la réflexion, il convient de souligner que ces transformations envoient aux différentes échelles territoriales de déploiement de l’habiter, du logement lui-même à son environnement local ou plus lointain et jusqu’aux territoires virtuels. En effet, les logements deviennent aujourd’hui des plateformes technologiques à partir desquelles on peut accéder à d’autres espaces que ceux de la proximité géographique immédiate.
LA CONFÉRENCE EN VIDÉO(S)
Cette conférence a été découpée en 7 séquences distinctes.
Chapitre 5
Les nouveaux enjeux
du logement
Durée vidéo : 31'55
Chapitre 4
Les conséquences
de ces changements
sur le logement
Durée vidéo : 10'24
Chapitre 3.1
Évolution des modes de vie. Des vies de plus en plus complexes
Durée vidéo : 25'01
Chapitre 2
Évolutions des comportements
Durée vidéo : 22'38
Chapitre 1
Un référentiel de construction des politiques du logement dépassé ?
Durée vidéo : 7'57
Préambule de F. Escaffre
Résumé de la conférence précédente (Conf. 02)
Durée vidéo : 8'36
Chapitre 3.2
Évolution des modes de vie. Transformation des conditions de travail
Durée vidéo : 24'31