OÙ EN EST LA "CRISE"

DU LOGEMENT ?

par Jean-Claude DRIANT / Professeur à l'Université de Paris XII

LE THÈME DE LA CONFÉRENCE EN BREF

 

Jean-Claude Driant a abordé plusieurs des aspects de la crise du logement en partant du constat que même si l’idée de crise fait consensus depuis de nombreuses années, il convient de la regarder de manière distanciée pour mettre en évidence ses caractéristiques.

 

Ainsi, malgré la crise quantitative particulièrement sensible dans les territoires aux marchés du logement « tendus », les Français n’ont, de manière générale et objectivable par la statistique, jamais été aussi bien logés. Il semble parfois exister une confusion entre la crise du logement et la crise immobilière. La crise du logement ne se limite pas à la hausse des prix, les difficultés de production et d’accès au foncier qui caractérisent la crise immobilière. Ces notions sont pourtant souvent confondues dans un même terme « crise du logement ».

 

Partant de ce type de constat, Jean-Claude Driant a d’abord déconstruit plusieurs idées liées à la crise du logement en les replaçant dans l’histoire des crises du logement tout au long du XXième siècle. Ces éléments de contextualisation historique lui ont ensuite permis de mieux caractériser l’actuelle crise du logement.

 

L’un des visages de la crise actuelle est la persistance du mal-logement dont les chiffres globaux sont connus mais derrière lesquels on trouve des situations de logement différentes avec, par exemple, un nombre de personnes, certes très minoritaires, qui ne sont pas logées du tout. Ce type de situation appelle une réflexion sur les populations qui sont les plus en difficulté par rapport au logement.

 

Un autre visage de cette crise est celui de l’effort financier excessif pour certains ménages qui les placent face à de graves difficultés dans leur rapport à leur logement ce qui influe plus largement sur leurs conditions de vie.

 

Autre aspect encore, le blocage des trajectoires résidentielles des individus qui les assigne dans des statuts d’occupation, des logements ou des territoires beaucoup plus durablement que par le passé.

 

Dernier aspect abordé enfin, les disparités territoriales de cette crise. Elles sont extrêmement importantes et s’accroissent, notamment la situation de l’Ile-de-France avec des retards de construction, un marché du logement très tendu et des difficultés d’accès au logement social.

Jean-Claude Driant évoque en contrepoint des zones de marchés moins « tendus », en prenant l’exemple de Nevers, avec des difficultés d’un autre ordre autour de la vacance, de la dégradation des logements, de la difficulté à penser le devenir des logements en centre ville...

 

Pour conclure, Jean-Claude Driant s’interroge sur l’action publique face à cette crise en remettant en question la réponse largement centrée sur la production de logements. Les difficultés sur certains territoires sont peut-être d’une autre nature, comme la remise en état de l’existant, en réinterrogeant la territorialisation des politiques du logement autour de la connaissance des marchés locaux dans la perspective de mieux réguler des mécanismes marchands qui peuvent provoquer des difficultés de logements symptomatiques de la crise.