LES PROBLÉMATIQUES DE L'HABITAT ANCIEN

par Fabrice ESCAFFRE / Maître de conférences en aménagement et urbanisme à Toulouse Jean Jaurès

 

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LE THÈME DE LA CONFÉRENCE EN BREF

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Cette douzième conférence portait sur le thème de l’habitat ancien, et plus particulièrement de l’habitat en centre ancien.

 

Les politiques d’habitat ancien

Le premier temps de l’intervention de Fabrice Escaffre est consacré à la mise en perspective de la notion même d’habitat ancien. L’expression «  habitat ancien » est directement liée à l’histoire de l’action publique. C’est la loi de 1948  qui institutionnalisa un type d’habitat caractérisé par son ancienneté et à partir duquel seront inventés des dispositifs publics d’amélioration.

 

Récemment, la question de l’habitat ancien a fait une réapparition insistante à l’agenda de l’action publique. Au-delà d’une stratégie visant à lutter contre l’étalement urbain et la périphérisation des villes, de manière plus profonde, ce regain d’intérêt est une réaction face au phénomène de perte d’attractivité d’un certain nombre de centres anciens de villes petites et moyennes en particulier. Il se traduit notamment par la mise en place des Appels à manifestation d’intérêt (AMI centre-bourg) ou le classement en tant que « nouveau quartier prioritaire » de la politique de la ville de plusieurs centres anciens.

 

La deuxième partie de l’intervention permet d’explorer la problématique «  habitat ancien » à partir de différentes approches.

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La première conduit à envisager la problématique sous l’angle d’une diversité des centres anciens.

Les «  remèdes » proposés correspondent souvent à la mise en oeuvre d’outils  standardisés, fondée sur des diagnostics locaux qui ont parfois tendance à gommer les singularités des marchés locaux de l’habitat, la diversité architecturale et géographique des logements, la spécificité du peuplement...

 

Dans un deuxième temps, l’approche par les trajectoires résidentielles  éclaire la problématique de l’habitat ancien. Fabrice Escaffre explique les raisons pour lesquelles ces centres anciens sont devenus des « territoires évités » par nombre de ménages et, dans le même temps, des refuges pour d’autres. Il est notamment montré qu’en certains endroits (souvent dans les villes moyennes en vidant la centralité de son sens, en particulier en déplaçant des équipements et des services en périphérie -) les centres anciens ont progressivement perdu leurs pouvoirs d’attractivité. Ces situations y posent aujourd’hui plus largement la question de la centralité.

 

Dans un autre temps,  l’action publique  est décortiquée, avec notamment une analyse de plusieurs Opérations programmées d’amélioration de l’habitat (OPAH). Premier enseignement : la nécessité d’être prudent sur le bilan.  En effet, les analyses quantitatives ne sont pas forcément le seul critère pour juger de l’efficacité de cette procédure. Argument d’autant plus valable que le bilan doit se faire sur le long terme - au moins 20 ans après, à la suite de plusieurs rotations dans le logement concerné. En Midi-Pyrénées, le bilan de l’observation de dix OPAH est contrasté. Si, en dépit du manque de moyens ou de carence en ingénierie (dans les collectivités et/ou dans les services de l’État, ou même dans le privé...), les résultats sont parfois encourageants (avec le constat, dans quelques cas, d’un retour vers le centre), ils ne se traduisent pas par une véritable revitalisation des centres.

 

La conférence s’achève par le passage au crible des grands enjeux qui parcourent le thème de l’habitat ancien.

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L’enjeu de la précarité énergétique, attaché au parc ancien, soulève la question de la qualité des logements anciens et des travaux à consentir pour les améliorer.

 

Autre enjeu : le rôle que jouent ces quartiers anciens aujourd’hui pour les populations pauvres. C’est une question d’autant plus prégnante que cet habitat est, dans de nombreuses petites villes, un parc social de fait. Il se substitue à un parc social public trop souvent restreint. Or, en l’améliorant et en y attirant des populations plus aisées, n’existe-t-il pas un risque de mettre la fonction sociale de ce parc en danger ?

 

Dernier enjeu : comment reconsidérer la centralité urbaine et ses problématiques d’habitat ? En forçant le trait pour pousser à la réflexion, Fa brice Escaffre signale que continuer à considérer certains centres anciens comme des centres, empêche parfois d’y apporter des réponses pertinentes  ! Peut-être faudrait-il accepter qu’un certain nombre de ces territoires sont tout simplement devenus des « quartiers » parmi d’autres, qu’ils appartiennent à des territoires à l’intérieur desquels on accède aux services, aux aménités, à l’emploi... à d’autres échelles. Les appréhender de cette manière pourrait ainsi réduire un certain nombre d’éléments de complexité de l’intervention publique ? Nous pourrions alors nous concentrer sur ce qu’ils proposent en termes de conditions et d’aménités urbaines. On cesserait surtout de faire peser sur ces territoires des objectifs ambitieux : (re)devenir des quartiers d’habitat désirés, et en même temps des territoires recouvrant un certain nombre de fonctions symboliques ou réelles de centralité ; dimensions qui ne sont pas forcément conciliables dans des situations de faible attractivité économique et démographique.

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