CONF.11 / 15 janvier 2015
L’HABITAT, LA RÉNOVATION URBAINE ET LA POLITIQUE
DE LA VILLE
par Barbara ALLEN / Chercheuse-consultante
LE THÈME DE LA CONFÉRENCE EN BREF
Afin d’analyser finement ce qui se joue dans le volet renouvellement urbain de la politique de la ville, cette conférence propose une approche résolument centrée sur la question de l’habitat.
Logement et habitat
Dans une première partie, Barbara Allen rappelle la différence entre les notions de « logement » et « d’habitat ». Les politiques publiques (politique de la ville mais aussi autres politiques d’aménagement) se sont toujours beaucoup plus centrées sur le logement alors que c’est la dialectique logement/habitat qui est centrale. En effet, l’habitat constitue le lieu de déploiement de dimensions constitutives de nos vies, le lieu d’inscription de leurs différentes étapes, des configurations familiales variées dans lesquelles nous nous construisons et évoluons. C’est un lieu emblématique de notre statut social, un support privilégié de réalisation de nos aspirations, de projection de nos désirs. Plus quotidiennement, c’est le lieu où nous vivons, recevons, élevons nos enfants. C’est le lieu des courses, des promenades, des relations de différente nature et intensité. C’est le lieu que nous aménageons pour nous-mêmes et pour nos proches de telle sorte qu’il nous accueille dans le présent et ménage la possibilité d’un futur possible.
Le mode d’habiter est le produit d’une interaction entre des personnes porteuses d'une histoire sociorésidentielle et d'un quartier au sens d’un lieu qui les situe socialement et spatialement, d'un lieu qui a une histoire propre et certaines caractéristiques, un lieu d’action des politiques et des institutions. Le mode d'habiter rend compte d'un investissement plus ou moins favorable de l'habitat avec des situations qui peuvent aller de l'habitat fonctionnant comme un lieu ressource à l'habitat facteur de fragilisation.
Habitat, et politique de la ville
Depuis l’origine de cette politique, les enjeux liés à l’habitat tels que présentés ont été faiblement pris en compte. Malgré les nombreuses réserves que l’on peut émettre, certains axes centraux de la politique de rénovation urbaine (redonner une structure plus urbaine en hiérarchisant les voieries et les espaces, différencier les bâtiments, diversifier les formes urbaines, les types d’habitat, les statuts d’occupation, redonner une vraie qualité à ces quartiers, etc.) ont permis certaines améliorations très importantes. Par exemple :
> le retour à certaines pratiques (inviter des amis, de la famille, circuler à toute heure) dont l’impossibilité était vécue douloureusement ;
> la disparition d’un sentiment de dévalorisation lié aux conditions d’habitat au profit d’une fierté retrouvée ;
> le retour d’une confiance dans l’action publique et le sentiment d’être considéré comme les autres habitants de la ville ;
Enfin, la question de la mobilité des habitants et la prise en compte de leurs désirs d’évolutions résidentielles ont enfin émergé comme des enjeux
Perspectives
Il reste à consolider et à poursuivre. La gestion et notamment la gestion urbaine constituent les principaux moyens de consolidation, les outils centraux d’une stabilisation, pérennisation des améliorations observées, notamment :
> en s’attachant à analyser le fonctionnement des espaces, leur agencement, à corriger les erreurs commises, à continuer de les qualifier ;
> en produisant une gestion de qualité ;
> en mobilisant les compétences des habitants (dysfonctionnements, propositions d’amélioration) ;;
> en développant une vigilance continue ;
> en mettant en place une véritable politique de mutations et une gestion qualitative des attributions ;
> en mettant en place de véritables processus de gestion/résolution des problèmes de vie collective.
La poursuite nécessite d’apprendre des erreurs du passé. Cela est théoriquement engagé dans le cadre de l’élaboration des contrats de ville et à travers la phase de préfiguration des projets qui continuent dans le cadre du NPNRU. Analyser les situations pour elles-mêmes en les contextualisant à une échelle territoriale pertinente, en prenant en compte une temporalité élargie concernant ces quartiers et l’environnement vaste dans lequel ils sont situés (ville, agglomération, voire région) est indispensable. Il s’agit d’élaborer des perspectives qui aient du sens et soient réalistes dans un contexte donné et de les décliner ensuite en stratégies d’action. Il s’agit également de cesser « d’autonomiser » le projet urbain (comme solution en soi) et de lui redonner sa place comme outil au service d’un projet de développement urbain au sens d’un ensemble de dimensions (résidentielles, services, activités, emploi) en interaction.
LA CONFÉRENCE EN VIDÉO(S)
Cette conférence a été découpée en 8 séquences distinctes.
Chapitre 5
Les projets de rénovation urbaine sont-ils réussis ?
Durée vidéo : 20'42
Chapitre 4
Des projets de rénovation urbaine pour intégrer ?
Durée vidéo : 19'24
Chapitre 6
Quelques limites des projets de rénovation urbaine
Durée vidéo : 7'45
Chapitre 3
La question de l'habitat dans la politique de la ville
Durée vidéo : 15'17
Chapitre 2
Habiter les quartiers d'habitat social
Durée vidéo : 20'41
Chapitre 1
Habitat plutôt que logement,
habiter plutôt que loger... Éléments de problématique sous tendant l'analyse
Durée vidéo : 23'17
Préambule de F. Escaffre
Résumé de la conférence précédente (Conf. 10)
+ Introduction de B. Allen
Durée vidéo : 19'06
Chapitre 7
Les perspectives d'amélioration des projets de rénovation urbaine
Durée vidéo : 23'17