CONF.10 / 27 novembre 2014
L'HABITAT DANS LE PÉRIURBAIN
par Lionel ROUGÉ / Maître de conférence à l'Université de Caen
LE THÈME DE LA CONFÉRENCE EN BREF
Cette conférence traite des questions d’habitat et de logement en zone périurbaine, et plus largement du développement de ce type de territoire. Les analyses proposées sont principalement nourries par de nombreux entretiens que Lionel Rougé a conduit auprès d’habitants « du périurbain », dans des contextes variés - d’abord toulousain puis francilien et normand.
Des définitions...
Afin de mieux cerner le phénomène, l’intervenant commence par proposer un certain nombre de définitions du périurbain, soutenant par là même l’idée d’une diversité de l’objet. Parmi elles, c’est celle conférant davantage de complexité territoriale à cette notion qui prime. Il s’agit bien d’espaces à part entière, « ni de la ville, ni de la campagne », qui remettent en cause le primat du modèle urbain radioconcentrique, avec l’éclosion « de petits centres à l’aire d’influence limitée mais néanmoins rayonnants ».
Petite histoire du périurbain
La suite de l’analyse se réalise à la lumière du faisceau historique. En effet, la périurbanisation n’est pas un phénomène nouveau. Un certain nombre de racines de « cette exurbanisation » pouvait ainsi s’observer dès la fin du XIXème siècle à Paris, autour d’axes principaux de transport.
En lien avec des facteurs d’ordre socio-culturels (notamment le développement du modèle pavillonnaire d’habitat individuel), socio-techniques (notamment le déploiement d’infrastructures de déplacement), mais aussi politiques (notamment la mise en place des grandes politiques du logement), ce phénomène s’intensifie à compter des années 1960. Il s’agit là de l’acte 1 de la périurbanisation, auquel succède un deuxième acte au cours des années 1980-1990.
Le deuxième acte se caractérise par une montée en puissance de ce mode d’habiter, mais aussi par une affirmation politique de ces territoires au travers la construction intercommunale et/ou la création d’outils de programmation (Schéma de cohérence territoriale - SCOT - notamment) : peu à peu ces territoires ne sont plus considérés comme « des territoires autour » mais comme des espaces tiers situés dans des franges interterritoriales.
Le troisième acte, la période actuelle, marque une phase de relative maturité du périurbain. Désormais, il s’agit de territoires, et plus largement de modes d’habiter, qui sont clairement choisis par leurs habitants et de moins en moins subis. Une attirance structurée autour de la maison individuelle, renforcée par l’amélioration des facteurs de mobilité et plus largement des conditions de services et d’équipement. Pourtant, alors même que la maturité et même la durabilité de ce modèle d’habitat ne sont plus à démontrer, les jugements sur le périurbain continuent d’être très largement négatifs.
Analyse du phénomène
Suite à cette approche chronologique, l’intervenant revient sur trois points clefs de ce phénomène :
• la séquence intitulée « du passage des « pavillonnaires » aux « périurbains » montre que si l’attractivité de ces territoires s’est dans un premier temps développée à partir d’un type de logement (la maison individuelle), peu à peu c’est la qualité de l’environnement territorial et des aménités qu’il présente (notamment la plus ou moins grande connexion avec ses alentours) qui a pesé sur le choix et le succès du mode de vie périurbain.
• Il n’en reste pas moins que le périurbain peut engendrer de la « captivité », constituant pour certains ménages un risque d’impasse dans leur trajectoire résidentielle. Situation avérée, notamment pour certains ménages modestes : après avoir « fui des quartiers d’habitat social », ils se sont installés dans des franges périurbaines pour y trouver des situations de mieux-être... sans finalement toujours parvenir à les rencontrer. Avec des services ou aménités parfois moins nombreuses, l’éloignement des pôles d’emploi ou encore l’augmentation des coûts de déplacement, ces territoires se sont transformés en « pièges urbains » et sont difficiles à intégrer dans l’action publique, du fait d’une dispersion des difficultés.
• Au-delà des questions d’habitat, le thème connexe des espaces ouverts et de leur rôle dans les territoires périurbains retient également l’attention. Aujourd’hui, dans un certain nombre de territoires communaux ou intercommunaux (parfois à l’occasion de définition de SCOT), les pouvoirs publics essayent d’intégrer une stratégie de territoire prenant en compte ces espaces naturels ou agricoles, du fait de leur pleine participation à la qualité de vie dans les espaces périurbains. Il ne s’agit donc pas d’espaces à préserver ou à cultiver mais d’espaces d’usages périurbains qu’il convient d’intégrer dans les stratégies de territoire.
LA CONFÉRENCE EN VIDÉO(S)
Cette conférence a été découpée en 8 séquences distinctes.
Chapitre 5
Des pavillonnaires aux périurbains : typologie
des modes de vie
Durée vidéo : 29'56
Chapitre 4
Des pavillonnaires aux périurbains : choix ou contraire ?
Durée vidéo : 7'32
Chapitre 6
Vers une politique territorialisée des espaces périurbains : comment les acteurs s'approprient-ils les espaces ouverts ?
Durée vidéo : 24'38
Chapitre 3
Le rôle des espaces périurbains dans la ville contemporaine
Durée vidéo : 2'29
Chapitre 2
Petite histoire du desserrement urbain
Durée vidéo : 8'14
Chapitre 1
Éléments de définition
du périurbain
Durée vidéo : 10'12
Préambule de F. Escaffre
Résumé de la conférence précédente (Conf. 09)
Durée vidéo : 7'17
Chapitre 7
Vers une politique territorialisée des espaces périurbains : comment les espaces périurbains sont-ils pris en compte
par les élus ?
Durée vidéo : 12'34